Charles Bradley Médiathèque de Tassin jeudi 28 septembre 2017


Il y a un peu moins d'un an, s'éteignait une incroyable pensionnaire du label de Brooklyn...

la reine du funk, Sharon Jones, laissant orphelins ses Dap-Kings.

C'est malheureusement au tour de Charles Bradley d'abandonner malgré lui le fabuleux navire Daptone Records.

C'est l'entourage du chanteur qui a annoncé cette triste nouvelle, le 23 septembre dernier, dans un communiqué funèbre publié sur les réseaux sociaux :


  • SHARON JONES


En novembre 2016, une autre égérie du label de Brooklyn disparaissait à l'âge de 60 ans, elle aussi rongée par un cancer : Sharon Jones.
Leadeuse du groupe de funk The Dap-Kings, la chanteuse américaines se battait depuis de nombreuses années contre cette sinistre maladie.

Sharon Jones and The Dap-Kings nous renvoyaient aux grandes années de l'Appolo Theatre de New York, de la Motown. Hermétique à toute mode, la diva soul née à Alberta (ville de James Brown) a été surveillante pénitentiaire et agent de sécurité pour un convoyeur de fonds avant de commencer sa carrière en 1996. 

En 2002, elle connaît son premier succès avec "Dap dippin' with Sharon Jones and The Dap-Kings " déjà accompagné de ses fidèles The Dap-Kings, qu'on entendra sur 6 titres de l'album "Back to black " de la diva anglaise Amy Winehouse.



Après l'album "I learned the hard way" en 2010 et les 12 titres live de "Soul time !" en 2011, l'égérie du label de Brooklyn Daptone Records sort "Give the people what they want back" puis "It's a holiday soul party" en décembre 2015.

Accompagnée de ses fidèles The Dap-Kings, Sharon Jones a également enregistré pour le documentaire "Miss Sharon Jones !" réalisé par Barbara Kopple le bouleversant "I’m still here" publié en juillet dernier et qui prend tout son sens aujourd'hui :





Découvrez ci-dessous notre playlist Sharon Jones.







  • CHARLES BRADLEY

Le destin se sera acharné sur lui. Découvert sur le tard, en 2011, à l’âge où d’autres prennent déjà leur retraite, Charles Bradley s’en est allé ce 23 septembre 2017, emporté par un cancer qu’il avait déjà une première fois vaincu.


Au terme d'un parcours chaotique, Charles Bradley, avait du attendre des décennies avant de pouvoir lâcher les cuisines obscures et se consacrer à sa passion, la soul.

Surnommé "The Screaming Eagle of Soul", le chanteur de Brooklyn faisait figure de gardien de la soul d'antan comme ses camarades Lee Fields ou Sharon Jones.

Avec son groupe, il parcourait pendant ses congés les Etats-Unis, reprenant près de 60 classiques du "Godfather of Soul", en tant que sosie vocal de James Brown .


Pendant quarante ans,  Charles Bradley se faisait appeler "Black Velvet" alias James Brown Jr. :

« Depuis que j’ai 14 ans, je chante du James Brown, raconte-t-il. Sans me vanter, je suis plutôt unique dans mon genre. A Noël passé, BB King m’a même appelé pour que je participe à un hommage. Mais maintenant je me concentre sur Charles Bradley. Je me sens d’ailleurs tiraillé entre les deux. On m’a toujours appelé Black Velvet, ça me fait bizarre maintenant d’entendre les gens m’appeler par mon véritable prénom. Il faut que je m’habitue. Même mes fans,qui me connaissaient en James Brown Jr, ont été choqués quand je me suis mis à chanter mes propres trucs, parler de choses vécues qui m’ont réellement fait souffrir.»

Découvert, et sauvé, par Gabriel Roth de Daptone Records, Charles Bradley avait enfin connu le succès avec "No time for dreaming" en 2011 et "Victim of love" en 2013.

Il avait sorti son troisième album "Changes" le 1er avril 2016 et l'avait défendu sur la scène de l'Olympia le même jour, 45 ans après un fameux concert de son idole et modèle James Brown :


A propos de Charles Bradley, Jacques Denis écrivait récemment dans Libération [qu'il avait]...

La musique de l’âme, il l’avait chevillé au corps. C’était la bande-son de sa vie. La soul dans sa face souvent sombre, celle des laissés pour compte, celle des chanteurs dits de «seconde» zone, qui survivent loin de la gloire, faute d’avoir été au bon croisement, au bon moment. Ceux-là sont bien entendu plus nombreux que les stars, et c’est aussi cela que disait le coup de projecteur sur cet homme qui aimait chanter l’amour, avec joie comme dans la peine. D’une voix éraillée, habitée de tous ses maux.

Découvrez notre playlist Charles Bradley :




  • DAPTONE RECORDS



Devenu refuge des gueules cassées de la soul, à l’image de Sharon Jones ou Charles Bradley, tous deux repérés par Gabriel Roth et Tom Brenneck, le label Daptone Records a été créé en 2001.



Né des cendres de Desco Records (également fondé par Gabriel Roth) qui vécu de 1996 à 2000, Il incarne une forme de réussite d’entreprise coopérative, presque artisanale & quasi familiale entre des musiciens juifs et noirs à Brooklyn : les fondateurs Gabriel Roth alias Bosco Mann (bassiste) et Neal Sugarman (saxophoniste) épaulés ensuite par Homer Steinwess (batteur) et Binky Griptite (guitariste).


Depuis sa création, le label s'est basé sur un solide modèle économique en maîtrisant totalement sa chaîne de production :  les bureaux du label de Bushwick (quartier mythique et riche en histoire de Brooklyn) abritent aussi les studios d’enregistrement et les stocks.
Presque chaque musicien participe aux disques des autres, le label presse ses propres vinyles et ne sort que les disques qu'ils revendiquent, comme ceux du Menahan Street Band par exemple. 

Label référence de soul et de funk, tout en réussissant à éviter l’étiquette "soul revival", son catalogue regorge d'incroyables pépites musicales, avec pêle-mêle The Como Mamas, Naomi Shelton, The Budos Band, Antibalas et bien d'autres...

Cerise sur la gâteau, un grand nombre de références sont écoutables en streaming sur le Bandcamp du label ! 😃


Découvrez notre playlist Daptone Records :




Découvrez les dernières sorties du label & toute son actualité sur le site officiel de Daptone Records ainsi que les podcasts sur la radio Mixcloud du label !


Et pour aller (encore !) plus loin, venez découvrir nos derniers coups de cœur soul en cliquant sur l'image ci-dessous :