La Sélection Bandcamp | TOP 2019 Médiathèque de Tassin vendredi 17 janvier 2020


La fin de l’année et son lot de marronniers : les gens qui se tapent dessus à Black Friday, les
idées de cadeaux de Noël, les bons plans du Nouvel An… Et, bien sûr, les tops. Meilleurs films, meilleures séries, meilleurs coupes de pull-over, meilleures activités de team-building-disruptif-pour-start-up… 

Bref, on se moque, mais chaque année quand vient décembre (enfin, janvier pour nous, on est à la bourre !), nous aussi nous tombons les pieds joints dans les bonnes vieilles habitudes...

Alors, après notre "Best of 2019", nous nous tournons désormais vers notre plate-forme préférée de streaming GRATUITE, Bandcamp.

Alors, à l'image de 100% Bandcamp  ou encore de l'officiel blog "maison" DailyBandcamp, nous vous proposons notre sélection de petites pépites sorties en 2019, ou éventuellement rééditées... Qu'il s'agisse de rock, de jazz ou d'electro, etc.

Bonne écoute !

. Sampa the Great "The Return" (Ninja Tune)
En seulement quelques années Sampa The Great a réussi à bouleverser l'équilibre de la scène hip hop en mêlant la spiritualité et les anciens sons d'Afrique australe à la soul de la Motown, le rap old scool, le jazz et les productions electro. Un cocktail détonant qu'elle a peaufiné sur la mixtape Birds And The BEE9 sortie en 2017 puis sur scène en première partie de Thundercat, Ibeyi, Hiatus Kaiyote ou Kendrick Lamar. Un engouement unanime qui risque de perdurer avec l'arrivée le 13 septembre de son album "The Return" sur le label Ninja Tune dont elle vient de publier le troisième titre, "Freedom", une ode soulful à l'expression artistique.
L’équilibre entre gagner sa vie et exprimer son art, et ce que vous êtes prêt à compromettre au cours de cette aventure. C’est une bénédiction d’être capable de créer et de s’exprimer à travers les arts et une bénédiction encore plus grande quand cet art peut vous fournir un gagne-pain, mais il est probable que vous arriviez à un point dans votre carrière où vous aurez le choix de compromettre votre expression artistique
Née en Zambie et élevée au Botswana, la poète Sampa Tembo a étudié à San Francisco et Los Angeles avant de s'installer à Sydney pour des études d’ingénieur du son. En 2015 elle grave son premier projet "The Great Mixtape" où elle commence a travailler sur l’exploration de son patrimoine africain spirituel et musical. Résultat de quatre années d'écritures, l'album "The Return" est l'expression de ce multiculturalisme et de la question de notre identité.

Sur "The Return", Sampa The Great a fait appel à une série de collaborateurs et artistes de renom pour mener son projet à bien. L’album est mixé par Jonwayne (de Stones Throw notoriety), msm (Skepta/Boy Better Know) et Andrei Eremin (nominé aux GRAMMY pour ses collaborations avec hiatus Kaiyote et Chet faker), et réalisé par Silentjay, le producteur de Slowthai Kwes Darko, Clever Austin (Perrin Moss de hiatus Kiayote), Blue Lab Beats et Syreniscreamy. L’album présente également des collaborations avec Ecca Vandal et le collectif de jazz londonien Steam Down. Beaucoup d’entre elles sont les fruits du réseau que Sampa s’est tissé depuis ses débuts en 2015, comme novice des open-mics hip-hop et jazz de Sydney.

. Sault "7" (Forever Living Originals)
C’est le mystère qui agite les cervelles depuis plusieurs semaines. Non, non, pas Xavier Dupont de Ligonnès. Plutôt cette pochette sobre, noire et anonyme: mais qui donc se cache derrière ces allumettes? Ce qu’on sait, c’est que le groupe s’appelle Sault, qu’il vient d’Angleterre et qu’il est proche de la rappeuse Little Simz. Ce qu’on a appris en furetant sur les Internets, c’est que la tête pensante de ce projet s’appelle Dean Inflo 1st Josiah, qu’il a bossé pour Michael Kiwanuka, Max Jury ou Little Smiz (ceci explique cela) et que ce premier album est sorti en mai dernier sur le non moins mystérieux label Forever Living Originals où l’on retrouve Kid Sister et Cleo Sol qui font/sont les voix de ce disque (ceci explique cela, bis). L’autre certitude, c’est que ce 5, sorti en mai dernier en catimini sur les plateformes de streaming, commence sérieusement à faire parler de lui. A tel point qu’une sortie française en vinyle est prévue pour cette semaine. D’où sa présence dans la très recherchée rubrique du disque de la semaine du Grigri (ceci explique cela, suite et fin).
Rien de plus mérité car Sault a comme un air de famille avec Khruangbin, l’une des plus belles surprises de l’indie soul de ces dernières années: cette basse un peu crado et totalement enveloppante, ces textures au carrefour de la new wave et du punk, ces voix féminines qui peuvent se faire garage comme dancefloor… Et surtout ce sens du tube complètement addictif: quand “Why Why Why”, “Masterpiece” ou “Let It Go” ont un jour squatté ton cerveau, ils n’en repartent plus. D’ailleurs, la pochette est claire (et classe) à ce sujet: Sault balance les allumettes qui n’attendent plus que des oreilles et des pieds pour s’embraser. Dans le genre, on peut clairement parler de “coup d’essai, coup de maître”. Mais comme pour Dupont de Ligonnès (on y revient), une question brûle les lèvres: quand Sault va-t-il sortir de sa cachette pour venir (se) défendre sur scène ?


. Slowthai "Nothing great about Britain" (Method Records)
Si le marché du rap pèse aussi lourd au Royaume-Uni que partout ailleurs sur la planète, on observe quand même une incapacité chronique de la Perfide Albion à exporter ses meilleurs talents, à les mettre en concurrence avec l’ogre américain qui, de son QG d’Atlanta, règne sans partage, et se fout comme de sa première chemise Gucci de Kano, Devlin ou Octavian. Pourtant, les personnalités hautes en couleur ne manquent pas, le talent non plus. Mais si l’on exclut Skepta, et dans une moindre mesure Stormzy, on est bien en mal de citer cinq MCs qui agitent les foules comme le font Lil Uzi Vert ou Kodak Black quand ils daignent quitter leur quartier. Mais avec Slowthai, les choses sont peut-être en train de changer – en tout cas, quand des publications aussi influentes que Complex, The Fader ou Pitchfork se fendent de profils ou chroniques aux petits oignons, on se dit que le vent tourne.

Tyler Frampton est né le 18 décembre 1994. Un rapide calcul nous fait dire qu’il a donc 24 ans. Et qu’il en avait 8 quand sortait "Original Pirate Material" de The Streets, et 9 quand le grand public apprenait l'existence du mot grime avec "Boy in Da Corner" de Dizzee Rascal. S’il jouaient encore avec ses crottes de nez quand ces deux albums sont sortis, son adolescence venue, il a certainement pris le temps de les poncer jusqu’à s’en rendre malade, d’en décortiquer méticuleusement l’ADN jusqu’à comprendre la mécanique et les rouages les plus infimes qui les composent. Mais, et c’est là que l’on arrive à rapidement séparer le bon grain de l’ivraie, son talent, son intelligence, son approche plus punk que street et sa niaque lui permettent de surclasser la concurrence et de ne pas passer pour une petite merde opportuniste. Pourtant, quand on vient d’un coin aussi tristoune que Northampton (l’équivalent britannique de Valenciennes ou La Louvière), on peut être prêt à tout pour se faire la malle.
En fait, si les raisons de se perdre en dithyrambes sont simples à trouver, deux points faibles assez remarquables sont à souligner : d’abord le fait que "Nothing Great About Britain" se plie à la dictature du streaming et soit accompagné d’un bonus uniquement réservé à la version numérique. Alors qu’il a été pensé comme un projet hyperactif et nerveux de 33 minutes et que « Northampton’s Child », par le choix du thème et de l’ambiance, a été pensé comme un morceau bouclant la boucle comme le faisait « Stay Positive » sur "Original Pirate Material", on a droit à six titres supplémentaires qui sont là parce qu’ils ont cartonné sur YouTube et Spotify en 2018. Par ailleurs, dans une industrie qui vit des attentes démesurées qu’elle crée auprès d’un public-cible, les quatre meilleurs titres ont été balancés en éclaireur, donnant l’impression chez certains que tout le reste allait obligatoirement être du même acabit – alors qu’il faudra bien vous mettre ça dans le crâne : un disque qui n’est qu’un enchaînement de singles n’est pas un bon album, mais juste un best of, et Slowthai est encore loin de pouvoir prétendre à ce format.

Soyons clairs : des tubes, "Nothing Great About Britain" en regorge. Par contre, si vous êtes autant attachés que nous au format album, les deux défauts évoqués plus haut peuvent influer négativement sur l’image que l’on se fait d’un disque qui, au fil des écoutes, s’impose néanmoins comme l'objet le plus important sorti par un rappeur anglais depuis le "Konnichiwa" de Skepta – et le fait que ce dernier honore "Nothing Great About Britain" de sa présence sur « Inglorious » ressemble autant à un adoubement en bonne et due forme qu'à une reconnaissance implicite de la menace que représente un morveux surexcité de Northampton pour le daron de Tottenham.

. Christian Scott "Ancestral recall" (Strectch Music)
Le but est de connecter les gens dans une compréhension commune plutôt que de les diviser par définition. " Dans sa recherche d'un son universel, outil d'un discours politique fédérateur, le trompettiste américain n'en finit plus de s'affranchir des codes du jazz et de tout autre genre défini. Des explorations musicales qu'on a crues à leur paroxysme en 2017, quand, pour fêter le centenaire du jazz Christian Scott aTunde Adjuah se lançait dans sa série de trois albums, "The Centennial Trilogy", déconstruisant les formes originelles du jazz pour façonner cette nouvelle tradition folklorique qu'il appelle stretch music.

Mais le surdoué de La Nouvelle-Orléans n'en a pas fini avec cette architecture sonore en perpétuelle innovation et vient enfin d'annoncer la suite de ses aventures transcendantales avec la sortie de l'album "Ancestral Recall". L'artiste dévoile un premier titre enregistré avec le poète slammeur Saul Williams qui posé son flow intense sur la transe de percussions guinéennes entêtantes accompagnée d'ochestrations cosmiques et par les chorus incantatoires du trompettiste. Sur ce nouveau projet Christian Scott aTunde Adjuah a invité Saul Williams sur trois titres, mais aussi quelques compagnons de route comme Chris Turner, Weedie Braimah, Mike Larry Draw, Logan Richardson ou Elena Pinderhughes.

"Ancestral Recall" a été conçu comme une carte permettant de décolonialiser le son; contre les idées reçues sur certaines cultures musicales; de codifier une nouvelle tradition folklorique et de commencer à créer un ensemble de rythmes nationaux. Des rythmes enracinés dans la synergie entre les rythmes de l’Afrique de l’Ouest, des Premières Nations et de la Diaspora africaine et des Caraïbes et leur mariage avec des modèles rythmiques trouvés dans la trap music, le rock alternatif et d’autres formes modernes. Il est temps de créer un son qui dissipe les récits singuliers de peuples et cherche enfin à représenter la richesse des récits retrouvés tout au long de l'expérience américaine. Une expérience qui montre toutes les formes d'expression dans le son est valable, comme le sont tous les gens. " Christian Scott aTunde Adjuah

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. Purple Mountains "Purple mountains" (Drag City)
Cela fait maintenant une décennie que le mythique groupe Silver Jews a tiré sa révérence. Le groupe mené par Stephen Malkmus et David Berman avait régné sur la scène indie rock américaine pendant deux décennies avant leur chant du cygne en 2008 avec "Lookout Mountain, Lookout Sea". Mais rassurez-vous, chacun a poursuivi son bonhomme de chemin paisiblement. Cette année, David Berman a décidé de se reconvertir musicalement avec son nouveau projet musical intitulé Purple Mountains et un premier album à la clé.
Bien évidemment, David Berman ne s’éloigne pas de ce qu’a pu faire le succès de Silver Jews et n’a perdu aucun de ses talents depuis sa pause. A travers ces dix nouvelles compositions à mi-chemin entre alternative country, Americana et indie folk, Purple Mountains nous offre une virée vers la nostalgie un peu comme nous avait habitué d’autres groupes actuels comme Woods. D’ailleurs en parlant d’eux, des membres du groupe comme Jeremy Earl et Jarvis Tarveniere apparaissent tout au long de ce premier disque et c’est dire que leur influence se fait ressentir sur des perles comme « That’s Just The Way I Feel » qui ouvre le bal mais également sur « Snow Is Falling In Manhattan » et sur « Margaritas At The Mall ».

Si les arrangements musicaux se font lumineux et mélodiques qui ont de quoi séduire l’auditeur avec « I Loved Being My Mother’s Son » et « Storyline Fever », les textes de David Berman le sont moins. Notre hôte explique ces errances durant cette décennie d’absence et toutes les souffrances qu’il a enduré. Entre ruptures amoureuses et relations sociales de plus en plus complexes dans son cercle, Purple Mountains n’hésite pas à employer une dose d’ironie dans ces textes fatalistes comme « All My Happiness Is Gone », « She’s Making Friends, I’m Turning Stranger » et autres « Nights That Won’t Happen Again ».

Impossible de ne pas avoir de l’empathie pour le musicien qui verse ses névroses tel un clown triste. Il en ressort une renaissance musicale pour David Berman qui prouve qu’il n’a rien perdu depuis ses aventures musicales avec Silver Jews. Quoi qu’il en soit, Purple Mountains fait une entrée fracassante sur la scène indie folk/Americana qui se fait de plus en plus concentrée avec ses textes sentant la franchise et ses compositions enivrantes.


. Jamilia Woods "Legacy ! Legacy !" (Jagjaguwar )
Le titre s’exclame et insiste, les chansons portent des (pré)noms d’artistes. Le tout en majuscules. La volonté de s’inscrire dans un héritage est on ne peut plus claire, mais ne comptez pas sur Jamila Woods pour verser dans le cours d’histoire ou l’hommage révérencieux. Si elle en appelle à Zora Neale Hurston, Nikki Giovanni, Eartha Kitt, Frida Kahlo, Sun Ra ou James Baldwin, c’est pour propulser sa vision à elle, d’humaine, de femme noire, de chanteuse, poète, songwriter qui nourrit l’union fructueuse de la soul et du hip-hop. Son phrasé un brin détaché et son timbre acidulé la rapprochent d’une Erykah Badu, son excellent “Heavn” l’a mise en évidence sur la belle liste des jeunes talents de Chicago.
 Aujourd’hui, Jamila Woods livre un album dense, dur, moins facile d’accès, dont la cohérence révèle au fil des écoutes une grande force de caractère. « I am not your typical girl », Jamila ne plaisante pas. Richesse du verbe et découpage affûté de syllabes en bandoulière, elle s’emploie à déjouer les attentes : à une certaine nonchalance vocale doublée de mélodies gorgées d’insouciance répondent ainsi des textes de combat qui puisent leur sève dans une résilience ancestrale et une féminité plurielle. Le tout habillé de prods musclées mais inspirées, quasi toutes l’œuvre de Slot-A. En mêlant grammaires hip-hop et electro, ce producteur-DJ chicagoan taille de copieuses pièces de groove qui n’oublient pas le funk, à l’image de ces basses vrombissantes et de cette panoplie de trouvailles rythmiques. Peter Cottontale habille un Eartha aux rebonds lumineux et les autres amis impliqués sont brillants : Nitty Scott et Saba servent des raps haletants (mention spéciale aux virages funk de l’intense Basquiat), Nico Segal imprime la partition de cuivres et pousse ainsi Jamila en terrain soul gospel (Baldwin). Une prise de parole sensible, sensée, secouante.


. Resavoir "Resavoir" (International Anthem Recording Company)
Le collectif de Chicago présente des compositions issues du home studio du producteur et arrangeur Will Miller. Il y a fort à parier que pour vous vendre Resavoir, on fera probablement référence au travail de Will Miller au sein de Whitney. On vous dira aussi que ce dernier a joué des cuivres sur des titres de Mac Miller, Lil Wayne, ou A$AP Rocky. C'est une manière de voir les choses, même si l'on peut penser que son rôle au sein de ce groupe plutôt étiqueté indie folk est extrêmement limité, et que ces piges pour les gros bonnets du rap ne permettent pas vraiment de saisir sa démarche. Par contre, avec Resavoir, c'est vraiment lui qui est à la barre, c'est lui qui "gère" le projet et en définit clairement les contours, profitant du vent frais qui souffle sur le jazz ces dernières années pour y aller de sa petite pierre à l'édifice.

C'est International Anthem (label de Chicago qui a notamment sorti l'année dernière le superbe Universal Beings du batteur Makaya McCraven) qui a signé le groupe à géométrie variable (une quinzaine de collaborateurs quand même), et publiera son premier long format à la fin du mois de juin. Pour ouvrir les hostilités, on a droit à un premier extrait contemplatif et subtil, qui traduit la volonté du groupe de ne pas se fixer de limites, piochant également son inspiration dans la soul ou le hip hop - ce qui lui vaudra, on n'en doute pas, des rapprochements avec des gens comme Kamasi Washington ou Thundercat, voire des comparaisons avec le dernier album de The Comet Is Coming, l'apaisé "Trust In The Lifeforce Of The Deep Mistery". 

Disque disponible à la MédiaLune !

. Jambú "E os míticos sons da amazônia" (Analog Africa)
Plus vaste pays sud-américain, le Brésil est quasiment un sous-continent en soi. Proposant pas moins de 27 rythmes officiels distincts, s’il est mondialement connu pour la samba des favelas de Rio, Recife et Salvador de Bahia (ainsi que la bossa de leurs quartiers huppés), il compte aussi le forro dans son Nord-Est, et la fameuse lambada à Belém. Produit de la rencontre de rythmes indigènes amazoniens et de ceux qu’importèrent les Européens et leurs esclaves africains, ce genre dépasse (heureusement) la caricature qu’en donna le fameux tube de l’été 1989

De fait, la proximité de sa région (le Parà, que borde l’océan Atlantique) avec Cuba et les Caraïbes en mâtine les signatures rythmiques avec celles de la salsa, du mambo, du merengue et du calypso, comme en témoignent nombre des plages que compile cette anthologie “JAMBÙ – E Os Miticos Sons Da Amazônia”. En 18 titres et 11 formations, c’est une invitation à la sarabande, bien moins abêtissante que la version marchandisée en son temps sur nos terres. Comment regimber à l’écoute des irrésistibles “Coco Da Bahia” de Pinduca, “Praia De Algodoal” d’Os Quentes De Terra Alta, “Meu Barquinho” de Janjäo, “Xangô” de Magalhaes e Suo Guitarra et “Carimbo Da Pimienta” de Messias Holanda? De fait, chacun des ces échantillons célébrant le trémoussement canaille (remarquablement captés et mastérisés) se caractérise par un irrésistible appel aux sens. Un livret de 44 pages (!!) accompagne ce CD (24 en format LP gatefold), histoire d’en apprendre davantage sur ces artistes, et de ne pas danser idiot: pour une fois que la bande son de l’été nous en préserve!   

. Sessa "Grandeza" (Boiled Records)
Parmi les sorties qui retiennent l’attention depuis le début de l’année, une est particulière. Sessa est un artiste brésilien qui fait une bossa-nova psychédélique tout à fait unique. Sa voix particulière, la livraison lo-fi de "Grandeza" et les chœurs vocaux légèrement réverbérés donnent une dimension quasi mystique à l’album.

Sessa voulait avec "Grandeza" offrir un album qui allait célébrer l’importance de l’amour et la douceur des corps humains. Cette volonté réconfort du grand sentimental se traduit par des pièces qui souvent bercent les oreilles avec ses mélodies envoutantes. C’est le cas sur Gata Mágica avec sa guitare lente et voluptueuse ainsi que les voix féminines enchanteresses qui comme des sirènes nous attirent à bon port pendant que le flugelhorn nous achève. Cette douceur est à nouveau présente sur Dez Total (Filhos de Gandhy) qui nous charme avec son refrain accrocheur. Língua Geral est une autre belle pièce qui nous berce tendrement avec son refrain rempli d’une beauté bienveillante.

Mais n’allez pas penser que "Grandeza" n’est que balades. "Flor Do Real" avec ses cuivres chaotiques ressemble plus à ce qui fait la loi chez Sessa. On est ici devant une pièce où la voix de Sessa nous enivre comme un charmeur de serpent, des percussions simples et efficaces, des chœurs vocaux francs et ces cuivres qui viennent colorer l’ensemble lorsque c’est à propos, mais qui savent se taire lorsqu’il est temps de laisser parler les mots. Ces derniers sont de retour de magnifique façon sur "Sangue Bom" et continuent de nous assaillir de surprenante manière. Ils se font aussi puissants sur "Tanto" alors qu’ils débarquent après une minute trente pour prendre contrôle de cette chanson. Ils nous poussent des notes qui nous arrivent comme des vagues par journée de tempête.

Sessa a le don pour nous séduire et le démontre avec la chanson-titre qui a un petit groove qui donne envie de faire quelques pas de danse immédiatement. En même temps, il y a quelque chose de narquois dans l’approche du brésilien qui semble toujours avoir un sourire de la voix.

Franchement, ce "Grandeza" de Sessa vaut le détour. Et ce, même si vous n’aimez pas la musique brésilienne. Avec son approche non orthodoxe, il sort des cadres convenus tout en faisant toujours quelque chose de très accessible pour le commun des mélomanes. Voilà une belle douceur pour vous bercer l’âme dans les prochaines semaines.


Voilà, voilà, voilà, on pourrait continuer encore et encore... Alors, si vous n'êtes toujours pas rassasiés, allez faite un p'tit tour du côté du blog "maison", le Daily Bandcamp qui répertorie tous ses tops de l'année en un classement de 100 références disponibles sur sa plate-forme ou un classement par genre, dont quelques-uns ci-dessous :