Anne Sylvestre Médiathèque de Tassin mercredi 2 décembre 2020 Aucun commentaire

 

La chanteuse des petits et des grands est décédée ce lundi...


 Le Monde nous rappelle à quel point « Anne Sylvestre était drôle, on l’avait presque oublié, tellement elle râlait. Pourtant, souvent, elle pouffait, avec un énorme sourire, l’œil vert et malicieux. Elle se moquait, d’elle-même en premier lieu, fustigeait avec humour un monde peuplé « d’étagères qui se prennent pour des gens/Tout bien rangé dans la tête ». » Retour sur la carrière et la vie de cette artiste ayant prêté sa voix à tant de sujets, légers ou sensibles, faisant écho à sa vie personnelle ou bien à des sujets de société.


Découvrez nos playlists ci-dessous, d'abord pour les grands :




... puis les petits :




Anne Sylvestre, nom de scène d'Anne-Marie Thérèse Beugras, naît à Lyon le 20 juin 1934, et passe son enfance à Tassin-la-Demi-Lune, avant que sa famille s'installe à Paris, où elle commencera de brillantes études de lettres. Elle est la fille d'Albert Beugras, collaborationniste sous l'Occupation de la France, dont l'idéologie et les actes lui apporteront souffrance et honte, comme elle l'exprime dans sa chanson Roméo et Judith. Elle est également la sœur de l'écrivaine Marie Chaix.



C'est en 1955, alors âgée de 21 ans, qu'elle découvre la musique, avec des amis, dans une école de voile bretonne sur l'archipel breton des Glénans. Elle à la guitare, « Avec un type qui avait une clarinette, on avait composé Drenec Blues », du nom de l'école de voile. Sera alors composée la chanson que l'on connaîtra plus tard, en 1963, sous le titre Les Amis d'autrefois.


La maison de Tassin et Anne Sylvestre, avec ses frères Paul et Jean, en 1935, près de Tassin.
Elle était âgée d’environ 12 mois. (Photo collection personnelle Anne Sylvestre)



On lui donne le numéro de téléphone de Michel Valette, le patron du cabaret parisien La Colombe, où elle débute en 1957, « après un an d’hésitations » et de timidité. Elle y côtoie des Serge Gainsbourg, Brigitte Fontaine, Léo Ferré et Jean Ferrat, Hélène Martin et Guy Béart. « Sur scène, confiait Anne Sylvestre au Monde, en 1998, j’étais morte de peur. J’arrivais comme ça, sans maquillage, en jupe plissée. J’avais un ciré jaune et trois couches de pulls en dessous. Il fallait couvrir le bruit des dîneurs, il n’y avait pas de micro, juste de la place pour la guitare et le tabouret. »


Mort de la compositrice Anne Sylvestre, après 60 ans de chansons  féministes, drôles ou enfantines 


Anne Sylvestre sort son premier 45-tours en 1959. Le succès est immédiat auprès du public, la reconnaissance de ses pairs également : elle reçoit, parmi plusieurs récompenses, le Grand Prix international du disque de l'Académie Charles-Cros.


Les Fabulettes, ces dix-huit albums de chansons pour enfants, plébiscités par les écoles de France, écoulés par millions, deviennent un drame artistique personnel. Non pas qu’elle les reniait, elle les aimait, mais l’autrice-compositrice-interprète a détesté y être exclusivement identifiée, alors qu’elle avait écrit près de quatre cents chansons « adultes ».


« On a dit : quand Anne Sylvestre a eu moins de succès, elle s’est reclassée dans la chanson pour enfants. Faux. Ce sont deux répertoires distincts, deux activités parallèles. J’ai commencé à chanter en 1957 et, dès 1961, je me suis mise à écrire des chansons pour les enfants, par plaisir et pour ma fille. Parce que je voulais retarder la crétinisation… [...] Je savais ce qui est au centre des préoccupations quotidiennes des enfants, le rôle du vélo, des nouilles… Avec les Fabulettes, j’ai pu les structurer, leur donner le goût de la liberté, du plaisir de chanter. »


À côté de ses Fabulettes, Anne Sylvestre prêtera aussi sa voix à des sujets politiques et citoyens sensibles, comme la guerre (Mon mari est parti), la misère (Pas difficile), le viol (Douce maison), la mysoginie (Une sorcière comme les autres) ou encore le mariage gay (Gay marions-nous). Pourtant, elle refusera toute sa vie durant l'adjectif d'engagée. En revanche, elle se revendiquera sans cesse féministe : « C’est la seule étiquette que je ne décolle pas », affirmait-elle.


Anne Sylvestre - Concerts - Lille La Nuit.com


Réécoutez la chanteuse évoquer en juillet 2019 son parcours personnel et musical dans les "Grands entretiens" de Jean-Baptiste Urbain, sur France Musique. 



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