Le CD a 40 ans ! Médiathèque de Tassin mercredi 17 août 2022 Aucun commentaire


Le CD a 40 ans ! Le 17 août 1982, Philips et Sony mettent en vente le Compact Disc,
enterrant le vinyle... Jusqu'à l'arrivée du MP3, puis des plateformes de streaming musical. Longtemps moribond, le marché du disque semble pourtant faire son retour, quatre décennies après son apparition.

Il y a 40 ans, un rayon laser a - presque - mis fin aux microsillons des vinyles. À la fin des années 70, Philips, à l'époque maison de disques et fabriquant d'électroménager, s'associe à Sony. Les deux entreprises s'aperçoivent qu'elles travaillent sur une technologie similaire : elles tentent de remplacer la petite pointe s'insérant dans le sillon du disque vinyle par un laser lisant un message numérique. Ensemble, pour éviter la concurrence, les compagnies créent le Compact Disc, ou CD.

Quelques années pour se faire sa place


L'invention est mise sur le marché le 17 août 1982. "Le premier CD commercialisé est un album de Billy Joel, raconte Sophian Fanen, journaliste musical pour le magazine en ligne Les Jours. Ce n'est pas un nouvel album, il a déjà quelques années, mais c'est un succès. Ensuite, il y aura de la musique classique, Beethoven notamment".




Mais le succès est loin d'être immédiat. "Le vinyle marche bien, il se vend bien. Pourquoi changer quelque chose qui marche ? Au début, le CD se fait rembarrer", explique Sophian Fanen. Le CD profitera en fait des crises pétrolières successives pour s'imposer. Le pétrole devient cher, et le vinyle en est un dérivé. Les prix augmentent, les consommateurs cherchent une alternative, et une alternative plus futuriste. C'est surtout sur cet élément que sera vendu le CD, et moins sur ses qualités sonores. Selon le journaliste, "dans les années 80, on rêve des années 2000 ! On vit l'époque de Star Wars et de Retour vers le futur*, et le CD va avoir du succès parce que la pub va jouer là-dessus. Écoutez la musique du futur, écoutez de la musique avec un laser !"* Il faut quand même attendre 1985, et l'album Brothers in Arms de Dire Straits, pour que le premier disque entièrement enregistré en numérique effectue une percée. Et les ventes de CD ne dépasseront pas celles des vinyles avant 1988.

Un marché en chute libre depuis le début du XXIe siècle


En France, le pic de la vente de CD arrive en 2002. Après cette date, le marché est en chute libre, heurté de plein fouet par l'arrivée du MP3, et, plus tard, des plateformes de streaming musical ; mais aussi par un autre concurrent, venu prendre sa revanche. Vintage, très à la mode et apprécié pour ses qualités sonores, le vinyle retrouve les étagères des mélomanes. À Paris, dans le 15ème arrondissement, les bacs du disquaire Rock Paradise débordent de vinyles. Ici, les clients ont fait leur choix. C'est le cas d'Hervé Loison, un fan d'Elvis Presley. "J'achète encore des CD, assure-t-il, mais je préfère des vinyles ! L'objet, le son... C'est quand même quelque chose de classe !"



Pourtant, le propriétaire du lieu, Patrick Renassia, ne jure pas que par la galette noire. Des petites piles de CD s'entassent aussi, discrètement, devant la vitrine. "Bien sûr, je vends encore du CD !, s'exclame-t-il. De moins en moins, mais cela peut arriver, à condition que l'on propose encore des produits haut de gamme. Le CD tel qu'on l'a connu dans les années 80 et jusque dans les années 2000, c'était assez cheap ! Aujourd'hui, les maisons de disques font des beaux coffrets, pour continuer à vendre".

Et cela fonctionne ! Le CD reste le support physique se vendant le plus. Derrière le streaming, il représente la deuxième source de chiffre d'affaires de l'industrie musicale française, soit 19% des ventes. "Le CD continue d'exister, martèle Sophian Fanen. Il continue à se vendre beaucoup. Le vinyle aujourd'hui, c'est un objet de collection très cher, alors que le CD reste un objet d'écoute populaire, que les gens achètent encore dans les supermarchés, dans les grandes surfaces spécialisées... Pour beaucoup de gens, le CD a encore du sens !" En effet, le CD est encore très présent dans la vie quotidienne des Français, notamment parce qu'ils l'écoutent encore beaucoup dans la voiture.

Le rap français, promoteur du CD


Un succès porté en grande partie par le rap français. En une semaine, Orelsan a par exemple vendu 140 000 exemplaires de son album Civilisation, uniquement en CD. C'est une des conséquences du délai de fabrication des vinyles, pouvant dépasser les six mois à cause de la pénurie de matières premières. Mais pas seulement : "Ce sont des rappeurs qui ont grandi avec des parents qui écoutaient des CD, et eux-mêmes dans leur enfance ont pu en écouter. Il y a une sorte de nostalgie chez eux, partagée par leur public", affirme Sophian Fanen. Une nostalgie des années 80 et 90, sur laquelle surfe le marketing. Sans compter que les fans de rap ne sont pas des acheteurs de vinyles, rappelle le spécialiste. "Quand on parle au public du rap, on parle à un public très populaire. Sortir un album en vinyle, cela serait snob de la part d'Orelsan ou de Vald".



Pour autant, cela ne signifie pas que ceux qui achètent les CD d'Orelsan ou de Sexion d'assaut (le groupe a d'ailleurs décidé de vendre son album Le Retour des rois uniquement en CD et sur ses lieux de concert) vont les écouter. "Les fans vont aller sur YouTube, ou des plateformes de streaming, confirme Sophian Fanan. Mais ils conserveront l'objet pour le côté collector. C'est un objet qui est posé à la maison, et qui dit 'ce disque-là, il est important pour moi, cet artiste-là est important dans ma vie d'auditeur ou d'auditrice'. Cela devient un objet de fan".




Le CD résiste donc. "De là à dire qu'il va connaître le même sort que le vinyle, et devenir branché ? Je ne sais pas, admet Sophian Fanen. C'est un format qu'il ne faut pas négliger, qu'il ne faut pas mépriser". Et qui, pour la première fois en 20 ans, a vu ses revenus augmenter de 10% l'année dernière en France, pour un bilan des ventes de plus de 139 millions d'euros.




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